J’irais boire un café en Ethiopie
Dimanche 7 mai 2017
Mon travail de Barista/torréfacteur me propose de joindre vacances et culture en rejoignant l’équipe de Roaster United à Ziway en Éthiopie pour quelques jours sur le thème de la bio agriculture du café. À peine arrivé à l’aéroport d’Addis Abeba, une voiture me téléporte à 150 kilomètres de la capitale pour les retrouver.
Comme tous les débuts de voyage, ça part au car-de-tour. Directement depuis le Bethlehem Lodge ou je profite d’un déjeuner et mon premier » Buna » (le café), nous quittons Ziway pour Yirga-Alem. Je connais à peine les noms des gens du groupe mais le petit jus d’avocat-mangue à Awsasa va me plonger de la pluie genevoise à la moiteur éthiopienne en une gorgée. Cela me permet de faire connaissance avec Hussen notre guide, Monika, Thomas, Kevin, Jörg Kira Baristas et torréfacteurs d’Allemagne, Autriche et Canada. Il y a aussi Élise, biologiste au Québec. Depuis que je suis parti, je n’ai pas chié. J’imaginais que la route tape-cul, les heures assis et la bouffe locale me dilueraient le tout…. bah non. Après une belle pluie nous arrivons à Yirga Alem. C’est ici, dans une jungle fraîche, que nous allons rester quelques jours. Il y a des singes qui nous suivent dans la propriété. Je partage ma piaule avec Hussen et Kevin. Hussen tient l’association Soil and More. Kevin est torréfacteur à Toronto. Même si j’ai somnolé durant la moitié du voyage, je m’écroule vers 20h30 après un repas bien costaud.
Lundi 08mai 2017
Aujourd’hui nous nous rendons au Furra Lophphote collège de Yirga Alem pour suivre une conférence sur le compost et l’agriculture du café. Élise nous expose son étude du Biochar (méthode naturel de création de compost). Notre traducteur Akigichewu repère l’artiste que je suis et sympathise vite avec moi. Quand j’entends que tout le monde veut rentrer à pied au Lodge, je suis ravi. Avec Tobias, torréfacteur de Vienne, nous causons café sur la route comme si nous rentrions du boulot en pleine savane.
Mardi 09 mai 2017
Autour du Aregash Lodge, il y a plein de bestioles. Des oiseaux marrants, des singes et surtout, à ma grande surprise, des hyènes. A six heures du matin, un vieux mec me propose d’aller les espionner quand elles sortent de leur trou pour aller chasser. Plus tard, je choisis d’aller seul à pied du Lodge au Furra collège. Furra c’est le nom d’une princesse de la région de Sidama. Une heure à pied est nécessaire pour traverser cette partie de Yirga Alem et je profite d’être seul pour prendre du temps. Tous les gosses vont à l’école et me demandent si je vais bien. Je vais bien, l’heure et la météo sont idéales pour quelques photos. Nous avons rendez-vous avec les fermiers des plantations de café de la région au collège pour descendre sur le terrain de la ferme Fero et travailler un compost. Fero c’est le nom de la ferme qui produit le grain vert que je torréfie à Genève pour Boréal Coffee Shop.
Mercredi 10 mai
Une partie des fermiers arrivent en retard comme hier. Sur le terrain, nous observons le compost fait la veille. Il faut faire un contrôle de température et ensuite, à l’ombre, Élise démontre la réaction des différents mélanges de composts. En fait, les retardataires buvaient le café… normal quoi.
Soil and More qui appartient à Hussen collabore avec Roaster United et Koopcoffeecompagny pour expliquer l’utilité et l’intérêt d’un compost totalement organique qui respire. Les paysans semblent très intéressés et convaincus par les explications. Ce compost extrait moins de gaz néfastes… Ça n’est pas tout, nous avons de la route! Après le Buna (café) à la ferme Fero café, la fine équipe remonte dans le minibus pour retourner à Ziway. Notre traducteur Akigichewu est triste que je m’en aille avec les autres mais comme je ne sais pas encore qu’elle est la suite de mon voyage, je préfère les suivre. Vers 18h, aux alentours de Ziway, nous nous rendons sur la fabrique de composte d’Hussen. Chacun d’entre-nous se fait offrir un jeune arbre que nous plantons joyeusement. Je suis le parrain d’un manguier en Éthiopie, c’est pas beau ça !
Jeudi 11 mai 2017
Jörg a la chiasse et personne n’a vraiment bien dormi sauf moi qui m’suis foutu au lit super tôt tellement j’étais mort. Je suis aussi un peu vaseux et j’ai un petit stress dû au fait que j’arrive à Addis ou les hôtels sont très chers et je ne sais pas si je peux retirer du fric. Bref, comme tous les voyageurs à la con, pressés comme un Suisse et super radin, je méritais bien cela. Mes cartes de crédit ne fonctionnent pas. Elles ont été bloquées dès que j’ai essayé de retirer aux machine ATM. Pour des raisons de sécurité, ce qui au fond n’est pas si mal. Des fois, je me fous un peu trop de la sécurité mais le fait de m’imaginer sans blé dix jours avant la fin du voyage me met un peu mal à l’aise. Je me sépare de cette joyeuse équipe qui rentrent tous dans leur pays respectifs. Ma carte à quand même finit par fonctionner pour me payer THE super hôtel sur Cameroon Street puis pour finir, j’ai pu retirer, avec une des cartes, assez de tunes pour m’offrir un aller simple pour Dire-Dawa à l’est du pays. Je profite donc, ZEN, de ma fin de journée à Addis Abbeba. Un excellent café, super accueillant, le Kaldi’s Coffee me propulse dans la bonne humeur qui se dégage de cette mégapole que j’appréhendais tout à l’heure.
L’africanité, cette sensation de lenteur et de nonchalance que j’avais ressentie au Cap Vert se réapproprie mon corps. Mon âme a encore besoin de temps…
Vendredi 12 mai 2017
Comme un diplomate en perpétuel déplacement, après le déjeuner, je fais une demi-heure à la salle de gym de l’hôtel et m’envoie un jus de papaille avant que la limousine de l’hôtel me dépose à l’aéroport. Tout ça inclus dans les 60 dollars que j’ai payé pour la nuit. C’est Addis Abeba, la ville des ambassades normalement tu ne trouves rien en dessous de 100 dollars. Parce que je suis arrivé en Éthiopie avec Ethiopian Airline, j’ai le droit à 20% de rabais sur les vols intérieurs. Je peux donc m’envoler loin à l’est puis me démerder pour revenir le 20 mai à Addis avec les transport locaux routiers ou le train. L’Amharique au haut-parleur est difficile à comprendre, j’ai évidement dû courir à la porte 18 alors que j’attendais à la porte 15 juste après une omelette/bière pour sauter dans l’zingue en direction de Dire-Dawa. Après un vol sympa, une antique Peugeot 404 me mène jusqu’à la gare des bus de Dire Dawa. De là, je vais jusqu’à Harar en minibus collectif à 22 dans un 10 places. Le véhicule s’arrête quelques heures plus tard devant un hotel de luxe. Un type dans le minibus me dit que c’est là que je dois descendre. « It’s safe place ». Quand je vois deux gros blancs à la terrasse, je dégage aussi sec pour aller vers le centre-ville de Harar à pied. J’arrive sur une place ou les femmes vendent une feuille qui se mâche comme de la coka, le Tchat et choisi de me poser dans un café qui domine l’endroit. Amhed et sa très très très jolie femme m’invitent pour le café. Ils me dirigent ensuite vers l’hôtel dont je rêvais. Pas cher, à deux minutes du centre de la vieille ville. HOTEL THEODROSE. Plutôt ravi, je vais bouffer sur la place centrale une omelette locale, la Fatira. C’est l’heure de dormir, je sens une fatigue saine m’envahir. Une bière à l’hôtel pour me détendre et je retrouve mes cinq-six cafards sympathiques pour une nuit bien agréable sous ma moustiquaire. Au milieu de la nuit j’entends des centaines de chiens gueuler après les hyènes puis je replonge dans mes rêves.
Pour 250 birr, j’ai tout le confort dont je rêvais et que jamais aucune de mes connaissances n’auraient tolérées… sauf un couple d’arabes et son mari dans la chambre d’à côté. Ils kiffent aussi car ils font 20 selfies dans le corridor.
Samedi 13 mai 2017
La patate, je démarre à six heures du matin avec mon 50mm au poing. La lumière matinale, celle que tu n’attrapes jamais quand tu es accompagné, m’offre les premiers clichés de Harar Old Town.
Vers huit heures je m’envoie deux Boun (café local) et un genre de crêpe super bonne dans un boui-boui. A côté d’une épave de four, en face d’une femme Oroomo, j’échange une vague conversation avec le muet du coins qui va s’autoproclamer mon guide en me montrant des coins sympas de la ville… il me rafle 250 birr, 10 balles suisse, putain… Il me montre tout de même la torréfaction du café de Harare, très réputée. En prenant quelques photos des gamins dans la rue, je peux enfin filer des polaroïds, ils sont super heureux et ça me permet de photographier les jeunes filles très jolies sans problèmes.
Assez vite, vu que je lui ai filé du fric et un stylo, j’arrive à me séparer de mon muet. Je fais quelques mètres dans la rue principale et voilà qu’un autre gaillard m’aborde, en français cette fois. Abdoul. J’ai toujours l’impression que je vais me faire arnaquer mais ça c’est international. Si quelqu’un t’aborde dans la rue de manière sympathique, c’est rarement pour autre chose que ton pognon. Je pense toujours aux greluches qui bossent pour des associations caritatives et qui t’abordent comme si elles te draguaient pour au final de demander de contribuer à leur soit-disant cause. « vend ton corps au lieux d’payer la Mercedes de ton boss! »… trêve de rage, je préfère donc claquer mon blé pour bouffer avec Abdoul qui m’emmène au marché aux épices, un lieux qu’aucun film à gros budget ne saurait représenter, magique. Mon nouveau guide m’invite, bien évidement dans son shop familial ou j’achète un couteau. Ensuite, chez lui, je découvre la viande de chameau enroulée dans le traditionnel Injira, la pâte à crêpe qui enroule toutes les bouffe du coin. Nous passons le reste de l’après-midi à mâcher le Tchat devant des blockbuster Bollywood. Devant ces films d’une niaiserie, je pense que la première chose qui m’attirerait vers l’Inde, la beauté des filles et leur cheveux noirs. En Éthiopie, elles me font un effet dingue et sortir de chez Abdoul un peu pété avec des actrices indiennes dans la tête ne va rien arranger.
Au contour d’une ruelle sans nom que je pourrais sans problème retrouver grâce à mon sens de l’orientation. Asha, la Salamette entourée de milles petites me demande un baiser. Ma timidité semblable à celle du chat qui approche la main qui veut la caresser, je tente le dialogue avec la créature qui insiste… Mon cerveau ne contrôle plus rien… Tourmentée elle aussi, je fais des photos polaroïd pour les gosses et un selfie d’elle et moi qu’elle me demande. Le soir, je retrouve Abdoul dans un endroit vraiment étrange, on boit des bières, je suis pété, deuxième fois le même jour. Je vais dormir.
Dimanche 14 mai 2017
Je m’lève comme une merde, fracassé par ce que j’ai bu la veille. J’ai rêvé de la petite au voile jaune, heureusement qu’il y a les rêves. Aujourd’hui je glande, c’est dimanche et je ne veux pas donner ma tune à tout va pour visiter ci ou ça. L’esprit radin, je contourne le centre ville par les banlieues. Je prend un café dans un bistro de chantier servi par de vrais barista puis photographie des biquettes égarées. Tout ça pour éviter les guides qui veulent me faire voir toutes sortes de merdes à touristes que je sais habillement éviter partout dans le monde. Je réalise à quel point il est bon d’être Suisse. J’aime le bordel mais je ne sais pas si je saurais y vivre vraiment… et il faut toujours négocier les prix, je déteste ça.
Pour continuer d’écrire comme si j’dégueulais, je tombe sur la maison de Rimbeaud. Ce connard a fait dix fois plus de trucs en un jour que j’en aurais fait en une vie. Ça me fait chier de constater à quel point on a plus rien à raconter aujourd’hui quand tu lis les explorateurs d’antan. Tout l’monde fait à la perfection des vidéos blog « découv' » et voyage alors que moi je suis assis à me demander pourquoi j’existe dans la fausse maison d’un artiste. Trafic d’armes et poésie… quand même, ce Rimbeaud à fait que quelques dessins sur Instagram. La gare des bus est un beau bordel, j’ai l’impression d’être en Afrique… je fais timidement quelques photos puis je vais bouffer dans un chouette endroit qui domine une place dans la ville moderne. Les gonzesses du bar m’aiment bien mais moi je n’en aime qu’une des trois, la plus jolie et la plus jeune évidement. J’ai un petit coup d’pompe, je vais dormir comme un vieux, une heure de sieste. Je finirais ma journée avec quelques photos de nuit, une fatira (l’omeltte locale épicée dont on ne se lasse pas) chez Mukecevat et au lit.
Lundi 15 mai 2017
J’ai payé d’avance mon billet de retour en bus vers Debre Zeit. Demain je quitte avec un pincement au cœur la jolie Harar. Sur le bas de la ville, porte de Argoba, je choisi de ne pas utiliser mon appareil photo mais de dessiner les gens, les gosses et l’ambiance incroyable. Après cette petite halte sur le bas de la ville je me balade au hasard en espérant tomber sur Abdul que je je ne retrouverais jamais. Mon magique sens de l’orientation me fait un faux plan, je ne retrouve pas sa maison. C’est là que je me sens un peu con à toujours vouloir être seul. C’est vrai que ma façon de voyager est spéciale mais au fond, le confort ultra précaire et les économies de tune, j’en ai un petit peu marre. Je vais d’ailleurs avoir une bonne correction quant à mon comportement…
Le véritable labyrinthe qu’est Harare fera que je ne croiserais pas Abdoul mais Sharif qui m’emmène à pied très loin donner à manger aux Hyènes. L’orthographe de ce mot est aussi spécial que la bestiole. Le Bazar est court sur patte arrière avec une gueule de loup tacheté comme une panthère. J’avais un apriori sur cet animal mais le fait de leur donner à manger m’a laissé entrevoir leur potentiel de sympathie. Mon guide me lâche sur la place, il ne voulait vraiment pas de tune et venait de faire dix kilomètres de marche avec moi pour pas que je me paume… sur ce, j’vais bouffer une fatira chez Mukecevat parce qu’ils étaient cool et j’vais me zoner.
Mardi 16 mai 2017
Comme je n’ai pas de téléphone local, le chauffeur du minibus pense qu’il est obligé de défoncer la porte du Théodrose Hotel pour que je me réveille. J’étais réveillé, c’est lui qui a de l’avance. En plus, il va encore faire le tour de la ville cinq fois en passant quatre fois devant l’hôtel, j’aurais pu largement pioncer une heure de plus. J’ai une bonne place mais le bus est blindé. Avec le courant d’air dans la gueule et les gros culs des trois dames à côté de moi, ça commence mal. Le chauffeur a le pied lourd, on passe plusieurs fois à deux centimètres de se foutre dans le ravin mais mourir là ne me dérange pas, c’est magnifique. C’est une fois aux alentours d’Awash que je vais me rendre compte du long voyage. Il y a un contrôle (custom qu’ils disent) tous les cents kilomètres, je ne sais pas pourquoi mais c’est l’occasion de s’arrêter pour un buna dans des coins pittoresque dans les montagnes. Ce genre de village que tu vois normalement défiler à quatre-vingt kilomètres heures à travers le hublot teinté des bus.
Dans la plaine, il fait cinquante degrés, je commence à me sentir mal. J’essaie de me désaltérer lors d’un unième contrôle des bagages au milieu du désert. Il y a plein de macaques à culs rouges au bord de la route et nous longeons la fameuse voie ferrée Jibouti-Addis Abeba, ça c’est plutôt sympa mais quand je rappelle au chauffeur que je veux descendre à Debre Zeit, il fait mine de ne pas comprendre. J’insiste, il me lâche au bord de l’autoroute… sympa. Bon je n’ai que dix kilomètres à faire m’explique le mec du péage. Puis, assez vite, un minibus semblant venir d’une paroisse me téléporte gratuitement au centre-ville. Je prend le temps de boire un café en face de l’hôtel Rosmary trop luxueux pour moi. Mort de fatigue je me résigne à y prendre une piaule… en fait, je ne me sens pas très bien, un mec me saoul dans un troquet puis à 19 heure, je dors comme un plomb. La route était beaucoup trop longue et les os de mon vieux cul n’ont pas résisté aux nids de poule que le minibus explosait à toute blinde.
Mercredi 17 mai 2017
Debre Zeit s’appelle aussi Bishoftou et c’est à seulement 45 kilomètres d’Addis mais personne ne semble savoir m’expliquer comment on s’y rend… bon il faut reconnaître que mon Amarico-english n’est pas au point. Bah, on verra je ferai du stop-camion le jour de mon départ. J’écris plus que je dessine parce que j’ai peu de temps. Au fond j’aime être pressé parce que sinon je pense trop. Je suis un éternel frustré relationnel qui travail son positivisme. Je travail ma sensibilité. J’aime la vie mais je ne sais pas traduire cela en émotion visible. Je manque cruellement de vocabulaire. Alors, je flâne au hasard des rues et observe chaque détails. Les cireurs de godasses qui font le travail à la flotte. Les pneus, partout, toutes les tailles récupérables pour en faire un nouveau pneu, des semelles, un fauteuil, des pots de fleurs… ce matin il pleut des cordes, en dix minutes de marche, je suis une panosse. La mousson m’oblige à abuser de ma chambre qui pue la vielle chaussette. Pour 500 birr au lieu de 600, j’arrive à négocier une chambre plus petite, plus calme qui sent bon avec une vue sur le parc de l’hôtel au lieu de l’avenue (route 1) blindée de camions. Je reste donc une nuit de plus mais dans l’après midi je trouve un lodge, pas très loin, qui pour 250 birr m’hébergera avec vue sur le lac Bishoftoo. Je paye à l’avance pour être sûre d’avoir ma piaule, j’espère ne pas me faire entuber. L’après midi, je cherche la vieille gare de la ligne Jibouti-Addis qu’un mec me l’indique derrière un garage à Badjatch (taxi trois roues) sous des arbres et de la taule ondulée. J’aime bien les endroits abandonnés sauf qu’ici, c’est habité. L’ancien chemin de fer était construit par les français en 1917 mais la ligne s’est arrêtée de fonctionner en 2010. Comme souvent en Afrique, ce sont les chinois qui ont repris le business et ont carrément refait la ligne, électrique, surélevée et rapide. J’ai tout entendu sur ce tortillard, Il est en fonction, il existe depuis 2016. Ou, il n’existe pas… J’ai vu des wagons modernes au milieu du désert et une gare, majestueuse de type architectural russe au milieu de nulle-part non loin d’Awash donc il doit exister.
Plus tard, je me motive à faire le tour du lac de Bishoftoo. Quatre gamins vraiment marrants vont s’inviter à ma balade. Ils s’enfilent dans des grottes pour en faire sortir le propriétaire, un genre de caméléon local. On balance des pierres à la flotte et ils me montrent comment ils savent grimper aux arbres, balaises les gosses. Ils remarquent que mon amharique n’est pas excellent et m’apprennent à mieux prononcer puis me test à la course à pied. Ils sont fatigués avant moi, je suis un vrai éthiopien. J’ai cramé sous le soleil et j’ai trop marché. La route jusque à l’hôtel Rosmary est longue mais je n’ai pas de monnaie pour le Badjatch, j’y vais à pied. Je fini ma journée à tenter la photo de couché de soleil magnifique sur le trafic bordélique mais la lumière n’est jamais aussi belle que le premier soir à Debre Zeit.
Le Jeudi 18 mai 2017
Je traîne deux heures au petit déjeuner de l’hôtel Rosmary avec l’armée rwandaise qui est en congrès en ville. Un jus d’avocat et mangue comble mon manque de fruits pour me redonner la vie et sauter dans un Badjatch (les taxis trois roues éthiopiens) qui m’entube de 40 birr, pour l’hôtel Afaaf Bishoftoo. J’ai payé ma chambre la veille et elle s’en souvient la jolie patronne. Une coupure tient, depuis cet après midi, la ville sans électricité. Le jour ça n’est pas un problème sauf si on ajoute à cela la fermeture au trafic de la rue principale, la route numéro un qui mène à Addis. Le trafic de camion est donc dévié dans les petites rues. Un beau bordel de fumée noir, l’enfer écologiste. J’ai serpenté entre les bagnoles en respirant le bon hydrocarbure pour tirer quelques photos. Quand j’ai demandé pourquoi on fermait l’avenue principale un mec m’a répondu » important person visit Bishoftoo ». Je croyais qu’il y avait une fête ou un délire du genre. La centrale électrique a dû cramer car le courant n’est toujours pas revenu. En marchant vers l’église qui domine la ville, j’ai vu quelque chose qui ressemble à une centrale électrique. De magnifiques arbres poussent entre les génératrices mais il est interdit de faire des photos. Je pense, à juste titre, qu’ils ont peur que l’on vole cette technologie précaire dont ils détiennent le secret de non-fonctionnement. Au somment des collines, au dessus d’un baptistère, planent des piafs gigantesques. Une sorte de pélican customisé en vautours. En fait, il y a des pélicans et des vautours puis la variante mixée qui tournent manifestement autour d’une bestiole qui pourrit quelque part. Aujourd’hui, j’ai choisi deux endroits charmants pour boire mes bunas. Le premier parce que la fille qui sert est jolie, l’autre parce qu’une vache s’est arrêtée devant ma table pour glander en me regardant. Sur un giratoire, je tente une photo sans intérêt qui va me valoir un interrogatoire de la police. Rien de grave, juste un petit besoin d’autorité sur étrangers. J’ai rencontré des gens charmants, comme hier, ils veulent tous aider et son très surpris de voir un blanc qui marche seul dans des endroits improbables. Ce soir, comme les écrivains du temps des vrais Hommes, j’écris à la bougie au Bishoftoo Afaaf hotel qui domine le lac Bishoftoo.
Le vendredi 19 mai 2017
Est-ce que je m’en fou ou pas? Cette ville est pépère et mon ambition de passer des nuits en pleine nature me demanderait de faire un autre voyage. J’ai besoin de plus de temps car les déplacements sont laborieux. Quand il s’agit de prendre des décisions je suis une patate. Ma philosophie c’est « on verra ce qui se passe ». J’aime le hasard mais je déteste perdre du temps avec des démarches. En fait, je suis un mélange afriano-suisse qui subit un racisme enragé dans le monde dans lequel on vit. Aucune autre époque ne m’auraient été favorables ou alors vivant sous une autre forme animale que l’Homme n’emmerderait pas et qui, bien sûre, n’aurait pas de prédateur. Je suis un inadapté qui ne veut pas trop partager, un handicapé relationnel. J’ai marché comme la veille, toute la journée. Le matin au marché, dans la boue pour acheter une poêle à griller du café vert puis j’ai repris une piaule à l’hôtel Rosmary pour ma dernière nuit en Éthiopie. Je voulais un peu de confort et surtout de la lumière pour ne rien oublier et bien empaqueter mes bagages. Vers 15 heure ou 16 h, je me motive enfin, Ce midi j’ai été pris d’une petite chiasse désagréable qui m’a obligée à quitter le bistro ou je dévorais un burger très bon sur une place animée en urgence. Je crois que la fille du Afaaf hotel m’aime. Elle est très triste que je parte. Je pense qu’elle a daugé la viande crue hier soir pour qu eje reste à ses côtés dans son hotel au bord du volcan sans lumière. Donc, vers 16 heures je marche vers le lac Iruftu que je ne trouverais jamais. Ces lacs ne sont vraiment pas mis en évidence. Du coup, vers 18 heures je me trouve à nouveau au sommet d’une colline vers une église à l’heure de la messe orthodoxe en amharique. Comme les écrivains du temps des vrais Hommes, j’écris à la bougie au Bishoftoo Afaaf hotel qui domine le lac Bishoftoo. J’ai marché toute la journée. Le matin au marché, dans la boue pour acheter une poêle à griller du café vert puis j’ai repris une piaule à l’hôtel Rosmary pour demain, ma dernière nuit en Éthiopie. Je voulais un peu de confort et surtout de la lumière pour ne rien oublier et bien empaqueter mes bagages. Vers 15 heure ou 16 h, je me motive enfin, Ce midi j’ai été pris d’une petite chiasse désagréable qui m’a obligée à quitter le bistro ou je dévorais un burger très bon sur une place animée en urgence. Je crois que la fille du Afaaf hotel m’aime. Elle est très triste que je parte. Je pense qu’elle a daubé la viande crue hier soir pour que je reste à ses côtés dans son hôtel au bord du volcan sans lumière. Donc, vers 16 heures je marche vers le lac Iruftu que je ne trouverais jamais. Ces lacs ne sont vraiment pas mis en évidence. Du coup, vers 18 heures je me trouve à nouveau au sommet d’une colline vers une église à l’heure de la messe orthodoxe en amharique.
Le samedi 20 mai 2017
Après mon déjeuner avec l’armée Rwandaise, aujourd’hui habillée en civil, je rend la clé de ma piaule et je me rend à Manhara, la gare des bus juste à côté de l’hôtel. Je veux me rendre à Addis, on me montre un bus jaune, le bus que je regarde avec amour depuis le début du voyage. Tout déglingué et haut sur roue avec plein de bordel sur le toit. Un Isuzu. Ce bus est sensé me téléporter à Addis près de l’aéroport mais après une heure de voyage, le bus blindé de monde s’arrête à la foire aux bœufs quelque part. Pas du tout près de l’aéroport puis que qu’il me faudra prendre un autre bus pour encore 45 minutes et enfin arriver au Bole Airport devant une gigantesque pub pour le train chinois en travaux dans le pays. J’aimerais déposer un de mes sacs à l’Aéroport puis aller au centre ville mais cela n’est pas possible alors je retourne à l’hotel Lobelia qui l’accueil comme un roi. J’avais dormi une nuit en transition avant mon vol pour Harar. Ici je peux déposer gratuitement mon bagage puis partir en ville, à pied sur Cameroon Street puis Nambia St, Ghama et gauche sur Jomo Kenyatta. Sur mon chemin vers le centre, un mec va me proposer de le suivre dans un lieu ou des, soi-disant, étudiantes organisent une petite fête. Un peu naïf, je le suis mais une fois sur place quand je vois les filles qui se mettent à danser et débarquer de tous les côtés, je flaire le traquenard. C’est une villa qui s’appelle Voala (voilà). Je suis assis sur un canapé ou les une après les autres des filles habillées en pute me demandent de leur offrir un verre ou une bouteille. Je ne suis pas mal à l’aise, je suis agacé. Je déteste ce genre de connerie. Je balance le plus petit billet que j’ai dans la poche pour payer la bière que j’ai consommée puis je me casse en proposant à toute cette fine équipe d’aller se faire mettre par d’autres… sur le fond, j’aurais aimer une pute pour terminer le voyage, six mois sans toucher une gonzesse ça monte à la tête. C’est surtout parce que j’ai tout mon matos photo sur moi et je ne suis pas assez con pour finir à poil dans une ville africaine à moins de huit heure de mon retour en Suisse. Elles n’en veulent qu’à ton pognon, c’est international, incontestable et surtout insupportable. En dehors du fait que la ville soit très moche et que je respire depuis ce matin des hydrocarbure de mauvaise qualité, l’ambiance de la capitale est très paisible. J’aimerais voir l’ancienne gare ferroviaire française mais pluie violente va s’abattre sur ma gueule. Ça m’oblige à bouffer un petit quelque chose sur la place Meskel (Meskel Square). Des patrouilles militaires se relaient sur un gigantesque square orné de panneaux publicitaires à la mesure du lieu. Au final, je m’habitue à cet urbanisme qui n’en n’est pas un puis marche sur Menelik II Avenue ou je suis impressionné par les parcs du Palais National fermé au public. Un étudiant en musique va se joindre à ma balade. Il a rendez-vous à 18heure donc il peut prendre le temps de m’expliquer sa ville. Très vite, on va s’entendre sur les chinois qui ne fabriquent que des horreurs ou des trucs qui ne fonctionnent pas. Ils ne bossent qu’entre eux vivent dans des quartiers chinois du type camps de concentration. J’achète quelques écharpes sur les hauteurs de l’avenue Churchill. Une pour ma mère, une pour Liza, l’amie qui m’encourage et une pour Sidonie, une fille qui mérite qu’on l’aime. Mes derniers Birr ( monnaie locale) sont consommés, je peux prendre la direction de l’aéroport en un maximum de temps possible. Je bois un café à côté du Stade et la nuit tombe rapidement et laisse place à une autre faune, plus tendue. Mon accompagnateur m’a lâché la grappe et je ressens les bonnes vibrations de Zion (addis). J’observe, il fait sombre et tout est gras. 18h30 putain il faut vraiment que je me bouge. J’avais assez pour me faire le retour en métro mais deux heures de marche de nuit sur Africa Avenue me motive encore plus. En plus de boire un délicieux cappuccino chez Kaldi’s coffee je photographie l’ambiance post-apocalyptique durant une belle coupure de courant. Je suis tout à fait à l’aise de rentrer ce soir. Je n’ai aucun regret, j’aimerais et je ferais tout pour revenir dans ce pays avec de bonnes personnes.
je récupère mes bagages à L’hôtel Lobelia qui me propose une navette gratuite mais je leur explique mon envie d’être dans un taxi Lada pour mes derniers instants en Éthiopie. Je n’ai jamais eu un planning de vol aussi parfait.
Je fais cirer mes pompes et retourne à la maison.